Aller au contenu Aller au menu

Actualité

lundi 11 février 2008

Porté III


Est-on plus ou moins autre quand on est en dessous au-dessus en travers
est-on le geste et la demande
n’est-on plus qu’en morceaux
pied main hanche deux trois quatre
cri de chair muscle tendons

la tension la torsion
les corps qui se rejoignent
est-on plus ou moins peau
transe frisson
est-on à la fois l’absence et le regard dans la chaleur lovée du coeur de l’autre
à moitié rassasié à moitié pénitent
l’aumône aux heures de sang
où la danse se fait malgré nous
et le huit infini levé vers la lumière

peut-être que la transe n’est qu’un pied renversé
et le centre
dans l’inversion des sens
pont de flamme
où les sexes parfois se rejoignent

il est elle
projeté à l’étrave
en préface de lui
eau dormante
elle est île
il est aile
elle tendue à la proue
son épée du silence
il comme luit la mémoire
à sa source
deux visages du temps
figés dans une extase
d’où les deux corps jaillissent

IN, le 9/02/08

mercredi 7 mars 2007

Suite pour Duo 12

Les glissements de la mémoire entre deux corps qui n’en font qu’un
du clair au sombre et � la nuit
ces glissements sur la pente inexorable du sang
nœud de matière bras main
un étau qui se crispe
l� où caresse devient destin les corps scellés par cette grotte sombre qui apparaît
entre eux
qui creuse en eux
l’antre-eux
le corps devenu son antre rassurant, � cette bête rouge sang de l’intérieur des ventres éclatés l’un en l’autre
et dire ce ventre c’est dire le vent qui les balaie qui les malaxe et qui les rend gorge bouche magmas vivant
celui qui sculpte la pâte molle du début et la transforme os chair
peau et cendres
et souffle
et vibrants

approche furtive du début
transformée en combustion lente
puis agonie
agonie de l’errance lorsque deux emmêlés se pourfendent et s’étreignent
si fort que la taille de la femme devient roseau ardent fente embrasure
sous la grande main noire de ce qui se faufile entre eux
tempête du désir lacérant tout sur son passage
et source et soir coulant sur les parois du sexe
qui a surgi en elle
non celui de l’autre mais le sien

et ce lieu innommé soudain devient présence
par la magie d’un son qui recrée l’infini
les parois de la gangue qui flottaient au-dehors
sont entrées en ouvrant la chair comme une fleur
le corps souple se muscle et devient dense
danse de l’ailleurs ligoté qui soudain s’élargit en immense havresac
        en une immense besace
le sac et le ressac y trouvent sérénité
serre haine ite
va étrangler la haine pour la tuer
� la place le velours de ces teintes
        bleues et rouges

où l’étreinte du ciel et de la terre se fond dans un baiser
le ventre qui se creuse
le sein qui s’arrondit
elle s’est mise � pulser et se tourne vers lui
coller sa peau nue � la peau retrouvée
grammaire et abc du geste
pulpe devenue chair
souffle redevenu fruit
hier enchâssé dans la douleur du présent
et sa douceur aussi
mutantes du soleil et de l’ombre mêlés
lentement
mutantes l’une en l’autre
horizon déplacé

fines silhouettes roses s’animant sur l’été qui de sa grande main cambre notre
animalité
jeu de mains
jeu demain
je deux mains
je demain
aujourd’hui et demain dans ces mains qui se prennent et qui vibrent et qui
dansent et qui lâchent aussi tous leurs repères anciens
les doigts devenus chaînes
        grains d’un même collier tout bruissant d’âme humaine
aimant alimenté par cette
énergie sourde
ruisselante empourprée
du corps nu des bruyères
lorsqu’elle s’enflamme et mue

énergie de la matière
la prière de l’instant

IN, le 6 mars 2007


Jeu de mains, 2007 (collection privée)