Le corps écrit, 2007 (collection privée)

Elle est plus souple sous cet arbre renversé
elle est plus douce et elle le sait
les branches écrivent
ses seins aussi
elle a perdu sa peur en acceptant d’être nue
peau et muscles os et reins grain de peau
grains de mots qui lentement se tordent
en arabesques
et le feuillage éclot lentement de sa nuit
sueur bleutée de gongs et de maillets qui chantent dans son ventre
tête penchée de l’arbre sur son épaule
plus de rivalité
juste un échange
juste un bras projeté autour du cou de la conscience
juste un été
affrontement tendresse devenu
et le corps ne crie plus
est-il arbre est-il enfant
est-il en train de naître ou de mourir
est-il au féminin présent
lentement l’orangé prend la place du sang
l’enragé qui descend en terre s’enracine se détend se défend se libère
étrangeté des sons qu’il profère
qu’elle entend

la suite l’indiffère
et pourtant
elle entend
c’est la chanson du vent qui prélude à la nuit mais la douce et la tendre
celle qui la recouvrira de temps
grande main qu’elle retrouve
venue du continent
de ses premiers matins
venue d’avant le temps

IN, le 22/03/07